Dire que la Bolivie est un pays dangereux est selon nous encore une vieille rumeur malsaine qui ne tient compte que des témoignages défavorables. Evidemment nous étions toujours aux aguets, évidement on ne reste pas des heures le nez en l'air dans les rues de La Paz, évidement on n'est pas sorti la nuit à 3 h du mat' d'un pub et rentrés à pied, évidement on n'a pas porté nos rollex ni nos chaines en or en apparence (d'ailleurs on n'en a pas), ni notre appareil photo en bandoulière...bref, nous n'avons pas vraiment pris de risques, et comme par hasard il ne nous est rien arrivé. Ah si, je (Elisa) je me suis fait volé mon shesch en boite! Ceci non pour refuter l'existence réelle d'accidents, de vols, d'embrouilles ou plus, mais le risque existe à partir du moment où on sort de chez soi, non?...En arrivant à La Paz, on s'est rendu compte qu'on était assez stréssés tous les deux à force d'entendre dire ceci cela...puis on s'est détendu de jour en jour comparant avec la réalité...et on a vraiment été brassés et attirés par cette ville, tellement qu'on y est resté 10 jours. Un petit flash back, donc.
QUELQUES JOURS DANS LA PLUS HAUTE CAPITALE DU MONDE (mais on ne sait toujours pas vraiment qui de La Paz ou de Sucre est officiellement la capitale. A la bolivienne, quoi!)
La Paz(et la ville de La Paz alto), c'est des millions d'immeubles en brique pas finis (un peu de ciment mais vraiment anecdotique) à perte de vue sur les pentes d'un canyon qui s'étale de 3600 à 4300m. Pas finis pour ne pas payer de taxes...pas bètes! Cela va sans dire que l'isolation phonique et thermique fròlent la perfection. Un petit rappel démo: La Paz c'est 1 million d'hab. et La Paz Alto, 1,5 million. La ville a donc l'aspect d'un gigantesque chantier, d'autant plus que les rues sont souvent défoncées et qu'il y a fréquement des énormes tas de gravas de part et d'autre de la chaussée (ou sur la chaussée).
Un ptit dèj du cru : des salteñas (sortes d'empanadas) = des chaussons sucrés/salés fourrés à la viande, au fromage ou au poulet, un maté de feuilles de coca pour l'altitude, et de l'extrait de café à diluer dans ton eau chaude. Si si, on s'y fait très bien.
Il faut l'avouer, La Paz a des allures d'enfer pour le piéton. L'air, dans les rues toujours saturées de circulation, y est souvent irrespirable. Ci-dessus, c'est devant notre hòtel. Il faut imaginer bien sùr le bruit constant et assourdissant des klaxons. En fait, ici il n'y a pas de règles de circu, tu conduits au klaxon, en toute simplicité.
Quasiment pas de supermarchés ici.
des cacahuettes (fruits secs:grosse spécialité de La Paz)...
des portables, etc...
Vous noterez l'aisance...
c'est pas mal non plus sans nuages!
Sur la route, on s'arrète un peu pour observer de loin le magnifique Hayna Potosi (6088m) (prononcer Oaïna), ce qui en Aymara, veut dire "le jeune resplendissant".
Souvent énormément d'applaudissements masculins...
Non, mais il est quand mème trop beau! Mais c'est vrai qu'en se rapprochant, on faisait de moins en moins les malins, peu de paroles échangées dans le van, chacun perdu dans ses pensées. Est-ce que je vais y arriver? Et si c'est beaucoup trop dur, comment on fait ? Et si on glisse, il est assez costaud pour nous rattraper lui ? Et si j'ai trop mal à la tète, comment je sais si c'est normal ou si c'est dù au mal des montagnes? Et si ....
Arrivés au bout de la route au refuge du bas à 4700m, on commence par déjeuner: ah tiens, un bon petit plat de poulet riz frites (ça doit ètre le 49ème depuis le début de la Bolivie). Nous n'avons pas très faim mais on se dit qu'il faut quand mème prendre un peu de force. Puis on charge les sacs et c'est parti. Punèse c'est lourd là! (dans le sac en vrac: piolet, batons, chaussures pour la neige, crampons, baudrier, veste et pantalons hyper chauds et hyper trop grands -en ce qui me concerne- pantalon, cagoule et veste polaires, énormes gants, la frontale, le duvet, des petits trucs à grignoter et l'eau). Petits pas, petits pas, bien souffler, faire des pauses, boire beaucoup, impeccable, on se sent impeccables, ça va le faire, c'est sùr...Le premier jour, c'est rien, 500 m à monter sur du caillou. Oufff, le dernier raidillon pour arriver au refuge du Campo alto est bien raide mais c'est bon on y est! 5200m, il est 15h30. Maintenant, repos. Le refuge est assez plein (une 30aine de personnes, ce qui fait qu'on nous met dans une pièce attenante, encore en finition donc vraiment parfaitement isolée...On aura peut-ètre froid mais on évite l'odeur terrible des pieds qui puent et des vomis de la nuit (courant apparement nous dit-on à cette altitude, ça rassure!). L'ambiance est assez détendue dans le refuge, entre les guides qui déconnent et les touristes qui se la jouent relax. Cependant une pointe d'appréhension est palpable dans les conversations, rares étant les habitués des 6000. Quant à nous, ça va à peu près, mème si on a tous les deux un peu mal au cràne par moments, l'impression d'etre dans du coton, d'avoir les jambes molles, ou mème d'ètre un peu nauséeux par moment. Heureusement on se requinque avec 2 ou 3 matés de feuilles de coca bien chauds.
Avant de se coucher, petite révision des étapes du Mal des montagnes (por las dudas).
Puis arrive bien vite 16h30, l'heure du diner, on avale une demi soupe car pas faim du tout, puis 18h, celle du coucher. Comment faire pour dormir ?? Il faudrait quand mème se reposer un peu, car on se lève à 1h pour 900 mètres de montée en crampons...pfff, plus ça va, plus ça impressionne cette histoire. Les heures passent, bien emmitouflés dans nos duvets, on n'a pas froid au moins ..."Tu dors ?" "Ben, non, et toi?" "Pas du tout" ... "Put...j'ai envie de pisser, qu'est-ce que je fais?" "Ben couvre toi et va pisser!!" ... "Attends moi, j'y vais aussi"..."là tu dors ?"...."rrrr"... "punèse il dort!".
Ca y est il est 1h1/4, l'heure du petit dèj. Je n'ai pas dormi une seule minute, ayant toute le nuit la sensation d'étouffer (sympa!). Nico a dormi 2 h. On s'avale un maté, une barre de chocolat et du pain et on s'équipe. Bon, ben c'est maintenant alors, c'est parti, mamaaannnn! Comme on n'est pas plus rapides que d'habitude, surtout en pleine nuit à 5200m, on est la dernière cordée à demarrer (2h45). Le serpentin des frontales est parti sans nous, tant pis. La montée se fait doucement, tout doucement. Le spectacle est magique, la lune étant quasi pleine, on n'a pas besoin de frontales. Au bout d'une heure ou deux on voit derrière nous en bas la grosse tache de lumières de La Paz, c'est magique. Et les étoiles aussi, magiques. Par contre pas de magie pour la forme physique. Nico se sent vraiment bien, moi ç'est de plus en plus dur. Aucun problème de mal ou cràne ou nausées mais le souffle! plus rien et les jambes suivent de moins en moins. 3 h après le départ, premier mur à passer (court mais bien raide), puis on fait une énième pause, on n'est qu'à 5650 m selon le guide. Je m'écroule aplatie dans le neige et je me dis que le sommet parait bien loin ... Nico remotive bien le crew et on repart. Puis re-écroulage dans la neige 1/2 heure après. Les premières lueurs apparaissent lorsqu'on est à 5750m...mince de crotte, on loupe le lever de soleil au sommet...il faut continuer, monter, ne pas craquer...ou si craquer après tout, on n'a rien a prouver à personne en fait ! ...allez non, on tient, c'est pas demain la veille qu'on aura l'occasion de refaire un 6000. Quand on arrive au pied du dernier mur (200m vraiment raides), voir les cordées qui nous précèdent avancer à peine en raison de la pente porte un gros coup au moral. Je demande au guide de m'arrèter là et de laisser nico et lui monter. N'ayant pas compris ou faisant comme si, il me répond "ah tu veux faire une pause, pas de problème, on y vas doucement". Et on y montàmes et on y arrivàmes tous les 3! Que bueno el 6088! Que buena la vista! Que buena la montaña! Vivement un 7000 (non on déconne). Au pied de la dernière paroi
L'arrète finale (60 mètres en tout) : là ça fout un peu les schtouilles quand mème, on n'est pas des alpinistes chevronnés... bon restons calme, on est encordés ...Que bueno la descente (sans jambes)! allez plus que 1500m.
Bon, hònnètement, ce n'était pas le Vignemale, mais ce n'était pas mal non plus niveau paysages! Ca se fait, ce n'est pas une expédition infaisable loin de là, mais il faut avouer que le mental est déterminant. Ceci dit pour nous, honnètement, on n'avait jamais fait un truc aussi dur!
Que bueno Bolivia et surtout....Suerte chicos!