Alors lá on en a mangé des paysages époustouflants! les mots sont difficiles á trouver pour retranscrire la beauté de ce qu'on a eu devant les yeux par moments au cours du dernier mois et les photos rendent évidemment moins bien que la réalité...tant pis...Nous voilá á Huaraz depuis quasiment un mois, ville au centre nord du Pérou idéalement placée aux abords des cordilliéres Blanches et Huayhuash, deux des grands objectifs "montagne" de notre voyage. On a passé les 4 derniéres semaines á buller sur la terrasse de l'hotel oú on se sent maintenant presque á la maison, á se balader dans les rues ou á marcher dans la montagne, ou plutót comme tout le monde dit ici car ça doit faire mieux, à "trecker".
Aprés la jungle et "Lima la triste", direction Huaraz donc (9º 31' sud 77º 32' ouest, soyons précis). On avait lu (ouh la honte, on avoue, on avait trouvé sur le chemin le guide Lonely du Perou, contrairement á ce qu'on avait dit, c'est á dire voyager "sans guide" pace qu'on était trop forts, mais ça y est, on l'a échangé c'est fini, on se débrouille comme avant), on avait donc lu et entendu pas mal de choses sur cette ville qualifiée parfois de Chamonix des Andes, à tord selon nous, si ce n'est par sa centralité vis-à-vis de nombreuses randos et sommets aux alentours. Ce que les guides oublient c'est qu'en 1970 un tremblement de terre a decimé l'intégralité de la ville et fait plus de 70 000 morts dans la vallée. Du coup, Huaraz est une ville reconstruite dans la pure tradition péruvienne (exception faite de Cusco et Arequipa villes magnifiques) c'est-á-dire en brique ou en adobe, c'est á dire assez moche selon d'aucun, et pas vraiment finie, pas vraiment commencée, on ne sait jamais trop. Mais ville très agreable quand même. En tout cas pour nous c'est le lieu où l'on devait retrouver Baptiste Elsa et Pilou si tout se goupillait bien. C'est aussi un des lieux où l'on espérait beaucoup marcher et oú l'on avait reperé de belles randos lorsqu'on préparait notre voyage depuis notre petite toulousaine, sur l'oreiller ou dans le salon devant le feu (ouh que cela semble loin...).
Avec Pilou que l'on devait retrouver là-bas on avait ciblé le même hôtel, Caroline Lodging, plutôt pratique (et pour les futurs voyageurs une très très bonne adresse, sorte d'auberge espagnole très familiale). Petit déj' royal tous les matins en terrasse ou á une grande table dans la salle du haut hyper lumineuse, des chambres avec des vrais lits confortables, pas cher, vraiment brassée de plein de monde de passage avec qui tu peux discuter et t'echanger des infos... A midi, la cuisine est déserte, tu peux donc te préparer ta petite salade avec tes petits légumes et ton petit thon tranquilou que tu dégustes ensuite sur la terrasse sous le petit parasol, avec vue sur quelques grands sommets plein de chantilly autour, entre 5000 et 6768m. Enfin on y est bien quoi. On retrouve Pilou direct en arrivant à la terrasse de l'hotel, que bueno no mas! Le soir on avait aussi RDV avec Baptiste et Elsa. Du coup, ce sera une bonne soirée au resto tous les 5. Et papoti et papota. Ouh ca fait plaisir de revoir les copains.
D'ailleurs en parlant de ça, vous savez qu'on ne vous oublie pas! que même souvent on pense aux gens qu'on aimerait revoir, avec qui on aimerait regarder des matchs de rugby (ou de l'OL pour certains), prendre un ti'whum ou une Guiness devant le feu en écoutant les Pixies ou les Têtes Raides, manger une douzaine d'huítres ou un merlu mayo un dimanche, aller écouter jouer, jouer de guitare, jouer au palet ou aux fléchettes dans un garage, ou au jungle speed, aller marcher ou skier... mais on sait que c'est dans pas si longtemps donc c'est vrai que cela ne nous empéche pas de savourer pleinement notre petite aventure du présent. En tous cas encore et toujours merci pour les commentaires sur le blog qui sont une des raisons pour lesquelles on le tient -avec extrème lenteur- à peu près à jour!
Ah, petite parenthèse, Huaraz est aussi le lieu des retrouvailles avec ma (Nico, from Elisa and (ni)co speaking) Gore-Tex, plutot pratique avant une rando ! Retour en arrière: j'avais oublié à l'hotel de Cusco cette veste, et m'en suis rendu compte á Paracas sur la cóte Pacifique, c'est á dire á une dizaine d'heures en bus, Que bueno otra vez! J'appelle pour leur dire. "A non Nicolas on n'a pas ta veste mais tout le monde n'est pas là peut-être que d'autres l'ont". "Ok, je rappelle ce soir et vous me dites mais regardez sous le lit je suis sur qu'elle y est". Le soir, "Ahhhh Nicolas comment ca vaaaaaaaaaaaa ? Désolé mais on a pas ta veste". "OK, alors [...] pas compliqué (gueulais-je) [...] sur qu'elle est tombée sous le lit [...]. [...] rappelle demain matin. Si vous ne l'avez pas c'est simple je vais écrire aux guides de voyage pour signaler que vous êtes des voleurs, contacter la police de Cusco et l'office du tourisme (gueulais-je plus fort encore)". Le lendemain "Ahhhhhhhhhh Nicolasssss comment ca vaaaaa? C'est incroyable un de nos employés avait gardé ta veste chez lui mais était en déplacement ces jours-ci ". No comment...
Punèse, ça fait pas rigoler les pauses "problèmes gastriques" toutes les demies-heures
Le 2 ème jour, temps très couvert, montée à un col à 4750m sous une tempête de grêle et de neige. Apparement c'est rare que le temps soit aussi mauvais ici...
Les bronzés à la montagne...Lá c'est le col "absolument magnifique" et point culminant de la rando...
Le 3 ème jour pas mieux, temps couvert et pluie. On est deçu parce qu'il y a sur cette journée de marche un point de vue pour observer "la plus belle montagne du monde" l'Alpamayo 5947m. En effet, cette montagne, dont le somment forme une pyramide de glace quasi-parfaite (face sud-ouest) a été déclarée "plus belle montagne du monde" par l'ONU en 1968. Bon nous on trouve un peu con de toujours déclarer le plus quelque chose, surtout une montagne c'est tellement subjectif et personnel. Il parrait qu'il y a de belles montagnes en Asie aussi et puis, á défaut d´être lourds...c'est pas le Vignemale la plus belle montagne du monde ?!
Le tour de la cordillière Huayhuash avec Abner el arriero
chez Abner
Cette chaine de montagne est connue pour être une des plus difficiles à gravir (ce qu'on n'a pas l'intention de faire). Les 6000 m on tués nombre d'alpinistes. D'autres comme Joe Simpson sont des miraculés : vous savez le mec qui est monté avec son pote Simon, des anglais (le film "la mort suspendue", le livre "Touching the void", dont je ne connais pas la traduction en français). 3 jours pour arriver au sommet de l'impressionante face Ouest du Siula Grande, jamais gravie, en 1985, puis une chute qui casse une jambe à Joe...puis tout va mal après un essai de sauvetage par Simon, puis ca finit que le blessé est suspendu au bout de la corde que tient Simon. Celui là, après quelques heures, ne sachant plus vraiment si son pote est vivant et n'en pouvant plus coupe la corde car manque de tomber dans le vide aussi. Chutte (de 50m, dans une crevasse en dessous, s'il vous plait!) de Joe qui a toujours une jambe cassée. Il se traine alors pendant 3 nuits et 3 jours pour finalement réussir à rejoindre les alentours du camp de base d'où Simon l'entend hurler. A lire pour ceux qui aiment la montagne et qui ne l'ont pas lu, c'est écrit par le miraculé.
Avant cela, le deuxième jour nous offre quand même une belle éclaircie dans la journée pour nous baigner dans des sources d'eau chaude, le pied absolu en rando...Gros avantage de marcher avec Abner, il connait des petis coins où lui seul ne va comme ce campement auprès de sources thermales où nous étions seuls. Mais, en fin d'aprem' rebelotte, c'est la pluie battante qui revient.
Une petite douche chaude...c'est qu'on ne dirait pas non!
Nico et Chef (on pourra noter la classe de la veste ESF des Saisies!)
Le lendemain, 4ème jour, ciel bleu et vue sur les magnifiques sommets, on se félicite tous les 3 d'avoir attendus et on retrouve un sourire jusqu'aux oreilles.
Des jolies lagunas
Toledo, Azulejo, Richinbo et...un touriste
Et puis vient le 6ème jour, innnnoubliable. Abner nous dit qu'il a entendu parler d'un "nouveau" col où certains guides passent depuis l'année dernière seulement (du hélas au réchauffement climatique qui fait diminuer les glaciers comme neige au soleil...). Il ne le connait pas mais si on est motivé on peut le tenter. Après concertation, on decide que...vamos évidemment! En fait ce col, le col du Trapecio 5100m, change un peu l'itinéraire classique du treck et nous fait couper une journée et demie, mais traverser la cordillière au lieu d'en faire le tour, rénial! Cette idée nous séduit énormement. Journée superbe, seuls au monde, pas vu un chat ou plutot si 9 vigognes sur des pierriers, comme ce serait des isards chez nous. Arrivés au col après une montée bien crevante (enfin pour la partie masculine du groupe car la partie féminie a apprécié pleinement la montée sur Tipi), nous sommes au pied du glacier Trapecio, à couper le souffle autant la vue que la montée !
On se sent tout petits petits
Après c'est encore 4 jours de marche, de belles discussions et beaucoup de rire avec Abner, du grand beau temps et du quotidien de rando. Monter et démonter le camp, charger les ânes, les pousser sur le chemin, on s'y est mis si si (un peu) ! Pour répondre à une demande d'anecdotes croustillantes au niveau hygiène, vie quotidienne, et bien on peut confirmer que même si on s'est lavé les pieds un jour sur deux - et même les fesses si si! - dans l'eau glacée des torrents on peut confirmer qu'il faut s'aimer très fort car les odeurs dans la tente sont parfois ... exotiques (quoi que pas si pire, car comme il faisait plutòt frais, on transpirait quand même moins que d'hab.) Enfin, en tous cas, on est quand même revenus sales commes des cochons au bout de 10 jours, avec les mains (Elisa) bouffées par le froid et craquelées comme des écailles au bout des doigts (si j'ai mis de la crème, maman, et j'en mets toujours alors que ca fait 10 jours qu'on est revenus!).
Et puis arrive la fin, retour à Chiquian mais tout n'est pas encore fini. Abner et son épouse nous invite à passer une dernière nuit à la maison et nous cuisine la Patchamanka. Alors le principe est le suivant (à essayer à la prochaine teuf, assurément) : construire un four avec des pierres dans un trou creusé au sol, mettre du bois dedans pour chauffer les pierres pendant 2 heures, démonter le four, poser la viande et les patates au creux des pierres et recouvrir avec des herbes et de la terre (ou une bache et du carton faute de mieux, comme ce qu'on a fait). Tout cuit à l'étouffé...un regal.
On enlève la viande (ici du poulet) des pierres, ultimes étapes de la Patchamanka avant dégustation
En revenant à Huaraz, on s'est sentis un peu seuls et tous choses de ne plus y retrouver de copains...pas glop...mais, allez ... c'est un autre tournant et ça continue!
C'est parti donc le premier jour pour monter au camp de base à 4600m. On voulait dormir un peu plus haut vers le camp morraine à 4900m pour racourcir l'ascension qui est longue du bas mais, comme le temps étant très menaçant on s'arrête là. Puis l'aprés-midi passe avec quelques goutes de pluie et surtout de gros nuages noirs. Pas sûrs du tout de pouvoir partir. Au pire on peut attendre le surlendemain mais pas plus. Mais bon on fait comme si c'était bon et on se tient prêts. Coucher 18h00 comme d'habitude presque depuis 10 jours et levé á 00h45 (moins habituel ça). Comme c'est nuageux, il ne fait pas trop froid mais on flippe un peu pour le mauvais temps. On y va on verra bien.
2 heures de marche avec les chaussures d'alpi dans la morraine puis on cramponne. A partir de 4h00 plein d'étoiles, le temps se lève. C'est de bonne augure et c'est trés beau. Et puis surtout incompréhensible, personne...nous ne sommes que tous les 3 (on ne verra que 2 americains dans la journèe, on est seul). Bref on marche on marche... Plutôt bonne forme, on est très contents, même si physiquement ça chauffe les cuisses! Aprés 4 heures de montée sur le glacier nous y voila, avec, il faut l'avouer un effort difficile dans la dernière heure où on a dû puiser dans le mental ... mais on y est. Que bueno no mas!
Le dernier murUn peu de frime au sommet, Martine à la montagne
En fait c'était plutòt ça, bien sûr
Depuis le sommet (5752m)
On ne pensait pas pouvoir faire plus ridicule que nos tenues pour l'ascension du Huayna Potosi en Bolivie mais en fait je crois que si... Les bronzés ou les bidochons c'est selon !
Puis la redescente: Elisa a (encore) des petits problèmes gastriques ce qui permet au groupe de bénéficier de plusieurs pauses non prévues (euh...le groupe n'est pas au top non plus)...
Après 2 petites heures de redescente on décramponne. Lá on a vraiment trop chaud avec nos tenues années 70, c'est ridicule mais il nous reste toute la morraine à passer en plein caniard avec les sacs bien lourds et les chaussures bien grosses.
Le style...toujours le souci du style