Salut! Encore une faille spatio-temporelle...3 semaines intenses et riches, on en a encore pris plein les yeux et le coeur. Un petit débriefing s'impose. C'est pas tout de voyager, faudrait voir à faire des points quand même. Le séjour à Coyhaique s'est fini par deux jours dans la chouette réserve avec ambiance feu de camp et cabane dans les bois au bord d'un lac. (photo à venir)
Au fait, voilà la nouvelle coupe de cheveux, radicalement différente de celle d'avant, as you can see
Il faut qu'on vous raconte un peu Chiloé, cet archipel qui a lui seul vaut un voyage au Chili (pour nous). On a donc embarqué avec un grand plaisir vers le 10 mars pour 2 nuits et une journée sur un bateau depuis le petit port de Puerto Chacabuco pour une navigation (tant attendue) sur un petit bout des canaux chiliens baignant dans le pacifique, jusqu'à Quellón, petit port à l'extrême sud de la grande île de Chiloé.
Le ferry s'est arrêté dans plusieurs ports minuscules cachés au fond des fjords, inaccessibles par la route, pour débarquer ou embarquer quelques passagers, ce qui nous a laissé le temps de bien profiter du paysage....et de prendre une belle raclée à la coinche ...
Et oui, sur ce bateau il y avait aussi Baptiste et Elsa, les deux jeunes aventuriers grenoblois rencontrés à Coyhaique quelques jours avant, avec leur sacs remplis de bouquins. D'ailleurs, c'est avec eux qu'on a ensuite passé une des meilleures semaines depuis le début du voyage.
En fait, Chiloé, c'est un archipel au sud de la Xème région du Chili, la "région des lacs". 32 îles environ (150 000 hab), dont seules 6 sont inhabitées. Historiquement, ce sont des îles sur les terres des Huilliches, les Mapuche du sud (sud de Valdivia), agriculteurs puis, plus tard, devenus pêcheurs. Chiloé a été colonisé très tôt (avant 1570) et d'abord appelé Nouvelle Galice au nom de la couronne espagnole. Gros bastion de résistance royaliste, l'archipel n'a été annexé au Chili qu'en 1826 (dernière île de possesion espagnole d'Amérique du sud). La principale ressource de l'archipel est bien sûr tout ce qui vient de la mer, pèche et fruits de mer (avant pêche à la baleine également). Récement sont arrivées les grandes entreprises faisant de l'élevage intensif de saumon, créant beaucoup d'emplois avec de meilleures rémunérations. Malheureusement, selon ce que l'on a compris, Chiloé n'est pas, comme le reste du pays, épargnée par la crise, avec de sérieux problèmes économiques sur l'île (chômage, difficultés de se relever après une monoculture du saumon), qui s'ajoutent aux gros problèmes environementaux posés par les élevages en rivière et en mer (forte pollution). Enfin, Chiloé, c'est aussi la mythologie avec le Caleuche, le terrible trauco, les brujos et plein d'autres personnages maléfiques ou bienveillants qui rodent sur terre ou en mer, tous issus des légendes mapuche ou des colons. Enfin, on va arrêter là, parce qu'on n'aura plus rien à raconter quand vous nous inviterez pour une prochaine bouffe. Pour la mythologie et l'ambiance de marins de Chiloé, on vous conseille d'ailleurs Le sillage de la baleine de Francisco Coloane qu'on vient de finir (merci Baptiste et Elsa pour le bouquin).
Petite pause à Chonchi, port à l'Est de l'île (de toutes façons c'est plutôt la partie Est qui est habitée car protégée du vent) : paysage qui rappelle vraiment le bocage Normand, avec le vert fluo, les pommes, les vaches noir et blanc, les haies de mùres, les moutons, ça change de la Patagonie...
Petite ballade sur l'ile Lemuy toute proche
L'église de Chonchi (une des 16 classées Unesco, architecture inspirée d'Allemagne, because colonisation depuis fin 19ème)
Puis départ pour 3 jours sur la côte ouest, avec les grandes plages de sable blanc, la forêt humide aux allures de jungle avec des épiphytes, des immenses hêtres, des pins alerces (en haut), du buis, des fougères gigantesques, la rubarbe géante et des bambous partout.
En fait on s'est arrêté après 3 heures de marche et on est resté finalement 3 nuits sur le terrain de la famille de Carlos, un pêcheur et paysan Huilliche, certainement une des rencontres les plus riches depuis le début du voyage.
D'une gentillesse et d'une patience incroyable, il nous a donné un petit aperçu de sa vie ici : pêche dans l'océan (pacifique, oui monsieur) ou dans le rio, tronçonnage, découverte de la flore et de l'entretien du potager, poissons au barbecue ... Ah, ça , on était bien, on peut le dire, un accueil simple, rare, qui nous a bien marqué.
Bon, on ne le dira pas, mais on n'a rien ramené. Dur d'envoyer les 80 mètres de fil en nylon (pas de canne ici)
Premier soir, forte pluie donc on se fait un magnifique poulet au barbec...dans le fumoir à poisson...le soir où nous perdîmes la vue puis l'odorat
Puis on est reparti pour fèter les 28 ans d'Elsa à Castro (la principale ville, 30 000 hab, de la grande île) avec un jour d'avance par erreur d'ailleurs, le temps ne s'écoulant pas de la même façon en voyage...
Impossible de partir sans goûter le Curanto une spécialité chilote TRRRRRRRRRRRRRROP bonne. Alors, pas de panique, mais voilà ce qu'il y a dans ton assiette (promis on met la photo sous peu) : première couche: grandes moules, amandes de mer, poissons, puis dessous : de la saucisse fumée, du porc bien fondant, du poulet (parce que quand même), des patates et des galettes de patates mélangées avec de la farine. Servi avec une petite soupe du jus de poisson. Un délice...
Outre les églises, l'architecture Chilote, c'est aussi les palafitos, les maisons en bois sur pilotis:
Un p'tit tour au marché artisanal de Castro avec ses étalages hyper colorés de tout et le reste en laine de mouton:
Après 10 jours dans les brumes de Chiloé, départ pour le Chili continental et la Région des lacs (Région X). Direction : Puerto Varas!
Tchô!