Le lendemain Quito moderne, hallucinant, des bars à perte de vue, des restos branchouille, ambiances DJ sur les places publiques et musique à fond ! Notre hôtel l'Auberge Inn très convivial est situé entre les 2 quartiers de Quito. On retrouve l'ambiance de l'hôtel à Huaraz au Pérou (mais sans la terasse) qu'on a tant aimé.
Le Quito colonial ressemble complètement à une ville d'Espagne, en moins animé le soir (en fait, il n'y a pas d'animation du tout après 21h, c'est bizarre). On flâne avec plaisir dans cette ambiance détendue et deux soirs on profite d'un festival de jazz gratos en plein air sur la place du théatre (petite pensée pour Max)...ouh que ça fait du bien d'entendre autre chose que la cumbia ou les fanfares de temps en temps...Pendant le festival à la terrasse d'un café petite discution avec une française, Laeticia, mariée à un équatorien qui vit à Quito et bosse dans une association humanitaire. Son mari est conseiller auprès de Rafael Correa, Mr le Président. Vraiment intéressant pour nous d'avoir un nouveau point de vue. On avait, avant de venir l'image d'un Président situé politiquement à droite ou centre-droite (ah les à prioris) en fait il est clairement à gauche sans doute entre un Chavez au Vénezuela et un Lula au Brésil. En tout cas le jeune (46 ans, économiste) Rafaaaaaa' (beaucoup craquent pour son beau sourire) parle de révolution citoyenne (plus d'infos dans le blog d'un journaliste qu'on a trouvé vraiment intéressant et dont on a mit le lien à droite de notre modeste blog). Selon Laeticia en tout cas malgré un populisme indéniable, bilan plutôt positif pour Correa. Un début d'éducation gratuite, d'accès à la santé gratuit également, de gros efforts de modernisation en terme d'accès à l'eau, d'assainissement... Elu en 2006 avec près de 57% des voix sous le mouvement Alianza Pais (alliance, et non "parti", qui réunit différents courants de gauche) il est opposé au traité de libre-échange (TLC) avec les États-Unis et soutient une plus grande participation de l’État en ce qui concerne l’exploitation du pétrole et la gestion des ressources pétrolières. En juin 2008, une nouvelle Constitution a été approuvée par l’Assemblée nationale constituante. Cette nouvelle Constitution, qui représente LE projet du début de mandat de Correa, est d’après lui le moyen d’enterrer le modèle néo-libéral appliqué par ses prédécesseurs. Cette Constitution renforce les pouvoirs présidentiels en particulier dans les domaines économiques et monétaires (secteur énergétique, télécommunication, mines, eau). Il inscrit dans la nouvelle Constitution le droit de vote à TOUTES les élections (même présidentielles) pour les étrangers résidants dans le pays depuis plus de 5 ans (hallucinant, mème au niveau mondial), et inscrit le Quechua et le Shuar (les Suars étaient appelés les Jivaros avant) au statut de langues officielles. Correa a par ailleurs annoncé la diminution par 2 de son salaire ainsi que la diminution des salaires des hauts fonctionnaires équatoriens. Il est également opposé à la dollarisation de la monnaie du pays (il y a quelques années pour faire face à une grave crise économique le pays a abandonné sa monnaie, le Sucre, pour le Dollar). En tous cas, exploit de Rafael Correa en avril de cette année : se faire réélire! (pendant 10 ans, 7 Présidents plutôt pas très nets se sont succèdés. Aucun n'a finit son mandat! Le sport national ici, c'est "Votar y botar" = "voter et jeter", ou virer; il y en a même un qui s'est fait élire 5 fois et virer 5 fois dans les 50 dernières années).
Ceci dit, évidemment soyons prudents dans le "bilan positif" : pas mal de manifestations en ce moment dans le pays, les profs et les étudiants depuis 9 jours maintenant et de nombreuses communautés dans l'Amazonie et la Sierra (on a vu hier des images de Zumbahua, où on était il y a quelques temps, Léo c'était très impressionnant: la place bondée de monde venu protester). Enormément de monde qui se réunit et manifeste partout, ici les gens ne semblent pas vraiment se laisser faire. Par ailleurs (on arrête après) il y a quelques mois Correa était accusé d'avoir financé une partie de sa campagne avec des fonds provenants des Farcs, rien que ça. Encore une fois donc, il y a du bon et du mauvais dans tout. La politique en Amerique du sud est passionnante mais complexe, on s'y intéresse beaucoup mais malheureusement on n'a pas encore tout bien compris et on n'est toujours pas bilingues (oui, mais qu' est-ce qu'on fiche, on se le demande?)...on livre ici juste quelques trucs qu'on a trouvé interessants. Et on ne parlera pas de Chavez (se tenait le week-end dernier au Vénézuela la seconde rencontre des Présidents des pays d'Amérique du sud et d'Afrique, et on en a entendu des énormes hier à la télé de la bouche de Chavez) !
OTAVALO ET SES ENVIRONS
Après Quito, direction le nord, toujours par la panaméricaine, pour Otavalo (2500m), ville de 44 000 habitants agréable, très réputée pour son marché. Les guides présentent souvent Otavalo comme le plus beau marché d'Amerique Latine. Le plus le plus...toujours le plus, on n'en sait rien et puis le plus beau marché du monde c'est pas le marché de la Croix-Rousse ? En tout cas le marché alimentaire est vraiment chouette et le marché artisanal fait un peu "business is business" mais...on va sûrement acheter un truc ou 2 au retour genre 35 kilos, quand on repassera par Otavalo (on est obligés de repartir en France depuis le sud de l'Equateur donc on repassera par là en redescendant à Guayaquil en bus) !

Les indiens Otavalo nous ont impressioné par leur classe. Pantacourt blanc, poncho bleu marine, chapeau en feutre sur une natte impeccable pour les hommes (les petits aussi ont les cheveux longs). Chemise blanche brodée et robe bleu marine fendue, laissant voir une jupe blanche en dessous pour les femmes.Pour tout le monde, c'est espadrilles (en plus ouvert) aux pieds. Le nombre de gens en habit traditionnel est impressionant. Pour la première fois on ressent vraiment la transition entre modernité et tradition, en voyant par exemple voir rouler dans des grosses bagnoles brillantes des gens en habit traditionnel (les Otavalos sont connus pour s'être très très bien adaptés à certains aspects de la vie d'aujourd'hui, en faisant notamment des marges énormes sur la vente de leur artisanat - bien sùr à Otavalo, on peut trouver des pulls en alpaga avec des portraits de Bob Marley).
Et puis une magnifique rando de 2 jours (ahh ça faisait longtemps ça fait du bien, le pied est guéri) dans une ambiance de forêt équatoriale d'altitude (2700 à 1900m). On commence par louper un bus. Alors là, c'est le deuxième qu'on loupe en Equateur (et depuis le début du voyage); tellement habitués à partir en retard qu'on s'est fait avoir deux fois ici en arrivant à l'heure pile. Ils ont quand mème fait un "plan national de ponctualité" ici il y a quelques années, ça ne rigole plus.
Du coup, on arrive un peu tard au point de départ de la balade du premier jour (17h, plein brouillard de montagne, 1h30 de marche pour rejoindre Azabi, le village qu'on vise, la nuit qui tombe à 18h30, bref, que bueno no mas!). Advienne que pourra, mais on sait de toutes façons qu'on ne mourra pas de faim dans la campagne, il y aura forcément des gens. On espère pouvoir dormir dans l'école ou chez l'habitant. On part sans tente cette fois.
La lumière de fin de journée éclaire les versants des montagnes et offre des couleurs bien chouettes.
Autour d'un maté de coca (le dernier?)
Petit dèj tous les 4 puis on assiste à l'arrivée de 45 enfants de 5 à 12 ans (un élève a mème 16 ans cette année). Tout le monde en bottes malgré la très forte chaleur. Certains habitent à une heure de marche. Il y a aussi les petits frères de 3 ou 4 ans (8 ou 9 enfants par familles est un nombre très souvent atteint) qui accompagnent les autres et restent aussi dans la classe. La classe démarre par un moment d'un autre temps: regroupement dans la cour et exercice physique puis chant de l'hymne national. Ensuite on dit ou plutôt on hurle "bonjour maitresse" à 45 voix. Quand Margot nous présente et qu'on commence à parler un peu, après avoir dit "bonjour", le "bueno dìas" à 45 voix nous prend un peu aux trippes. On leur explique un peu ce qu'on fait là (d'ailleurs qu'est-ce qu'on fait là après tout? y a-t-il un intérêt à passer en coup de vent comme ça? la limite entre découverte et voyeurisme est ténue...on n'a pas de réponse), on leur parle de notre pays, de nos familles, de comment ça marche l'école chez nous. Devant nous des grands yeux équarquillés, quelques sourires, beaucoup de timidité.
Au bout d'une heure de maths pour les grands et de "je différencie le haut et le bas et les parties de mon corps" pour les petits, tout le monde court sur le terrain plus bas pour se défouler, l'occasion pour nous de proposer un bon vieux ballon prisonnier (tout le monde se souvient de s'être pris au moins une fois le ballon en pleine face, mais il est bien ce jeu quand même) suivi de l'incontournable foot auquel on ne peut pas couper (l'équipe d'Elisa, qui a fait des arrêts incroyables, gagne).
Les 45 élèves de Margot dans l'école d'Azabí
Transport scolaire à Apuela un village à quelques heures de marche d'Azabi
UN TRAIN PAS COMME LES AUTRES
Super moment dans les environs d'Ibarra (100 000 habitants) ville agréable encore plus au nord, quasiment à la frontière avec la Colombie (en fait les villes sont plutòt agréables en Equateur so far). D'Ibarra on pensait filer direct en bus pour San Lorenzo, à 200 kms, à l'extrême Nord Ouest du pays, mais on apprend que l'autoferro, le train (en fait un bus monté sur rails) qui reliait historiquement ces 2 villes et détruit il y a quelques années par des pluies et coulées de boue lors d'un El Niño particulièrement ravageur, est ré-ouvert sur une petite partie du trajet (les premiers 50 kms). Vamos!
Ce train est connu pour la difficulté de réalisation de la voie de chemin de fer, très étroit, avec des tunnels à la pelles, des passages à flanc de montagne et des ponts très étroits et assez aériens... En tous cas on s'est régalé.
Du coup on dort un nuit de plus à Ibarra, ce qui donne l'ocassion à Nico de creuser son avance au Yam et de vivre en direct live une scène bien kitch...la finale d'un concours de chant. Ca vallait bien le détour !
SAN LORENZO : UN AUTRE PAYS DANS LE PAYS
Trajet éprouvant pour arriver à San Lorenzo. De là nous ne sommes qu'à quelques kilomètres de la Colombie, mais on décide de passer la frontière plus tard en revenant à Ibarra, pour entrer en Colombie par la panaméricaine, axe sùr. Entassés dans le bus à éviter les machette des gens qui reviennent des champs (le bus est bondé et le chauffeur conduit à fond et par à-coups, un vrai bonheur) et surtout à supporter une chaleur à crever. A la fin on était tous les 2 limite. Bref, arrivés à destination, on est tout de suite pris par une ambiance nouvelle. Sensation d'être dans un autre pays, une atmosphère qu'on ne connait pas. San Lorenzo, 15 000 habitants, est une ville littérallement défoncée, très pauvre, où il n'y pas un blanc, pas un gringo, que des blacks. Descendants des esclaves amenés en Amerique du sud ils ont peuplé cette partie de l'Equateur.
En face de la jetée, il y a aussi les maisons sur pilotis insalubres, l'autre quartier de San Lorenzo. Dur. Le soleil descend doucement et les couleurs sont magnifiques sur la mangrove au loin. La ville est située sur la côte dans un delta occupé par beaucoup d'ìles à la végétation très dense, bordées de palétuviers. On se sent vraiment au bout du monde ici.
Consuelo et ses petits enfants à El Cauchal
On vient de les faire développer et de les leur faire passer par le bateau de ce matin. Là aussi c'est un bien maigre cadeau mais sans doute mieux que rien. (Prochain voyage c'est sûr, on enmène un polaroïd, il doit bien en rester quelque part).
Aujourd'hui nous sommes de retour à Ibarra d'où l'on rédige cet article. C'est jour ferié ici et ce soir c'est fête, ça tout le monde nous le dit mais impossible de savoir quoi, ni où, on se doute du bide total d'ailleurs... On verra bien. Demain passage de frontière, cap sur la Colombie, que bueno !






























