29 oct. 2009

Nord Colombie : de Bogota à la côte caraïbe

LE BOUT DU BOUT
Ouh pinèse ça sent la fin. Mais vraiment. A l'heure où on écrit, il ne nous reste que 5 jours avant de s'envoler. On vient de se rendre compte qu'on a une escale d'une journée à Madrid. Bon. Le bon côté est qu'on ne connait pas Madrid. Le mauvais côté est qu'on est chargés maintenant comme des bourriques et qu'on angoisse un peu de retrouver les prix européens.
Nous sommes donc arrivés "au bout". On a finit la montée sur la péninsule de la Guajira (prononcer Woa-i-la) au nord de la Colombie, le lieu le plus septentrional d'Amérique Latine. Après Ushuaia et un peu plus de 66 degrés de latitude (67º1' parcourus finalement) on a relié les 2 bouts du continent...et on est bien contents. La dernière nuit avant de se mettre à redescendre, on a senti tous les deux de petites boules dans le fond de la gorge, qui ne sont pas vraiment parties à l'heure où on écrit ces lignes quelques jours plus tard. On reviendra, c'est sûr, ces pays sont fascinants. Tellement simple de voyager ici avec des fréquences de bus imbattables (mais fatigant niveau transports en commun, il faut l'avouer), vraiment relax l'ambiance générale, un accueil souvent super chaleureux sinon au moins sympa et poli, aucun soucis de sécurité (pour nous), des sourires souvent, des gens qui ne râlent pas, des paysages incroyables, une histoire et une politique compliquées mais passionantes.

Le rond sur la carte, c'est le bout du bout pour nous, la péninsule de la Guarija, punèse à quelques kilométres seulement du Vénézuela...chaque chose en son temps...

La Guajira nous a fait découvrir encore une nouvelle ambiance. Si on connaissait l'Afrique on s'y serait cru, probablement, paysage de savane, pas d'eau nulle part, les femmes sont en longues robes larges et portent parfois des bassines pleines sur la tête. Un coin très isolé. On n'y vient pas en bus mais seulement jeep hyper chargée, serrés comme des boliviens. Le matin du retour à 4hoo du mat' on était 17 adultes (sans compter ceux sur le toit bien sur), 6 minipouces et quelques chèvres ! On a donc passé 2 nuits sur la péninsule, au Cabo de la Vela, ambiance petite cabane en bambou et en boue sechée, avec deux bougies (le Cabo de la Vela porte bien son nom: il n'y a pas d'électricité), deux seaux (pas d'eau courante non plus), mais cela ne pose évidemment aucun problème pour nous qui sommes de passage.
Le village est une enfilade de paillottes qui s'étend sur 2 à 3 km le long de la plage. Chacune (quasiment) propose des lits ou des hamacs et des petits plats (poissons frits, langoustes). Le village avait l'air désert, mais on a eu de la chance car la saison haute commence en décembre, et la capacité est de 600 lits (plus les hamacs!!! probablement hallucinant en haute saison). A la pointe pointe, une dernière très belle plage au pied d'un pain de sucre (Pilon de azucar) (merci aux 2 cars d'étudiants colombiens qui nous ont gentillement déposés et ramenés de la pointe). L'ambiance dans leur car nous a plutòt fait marrer: la musique à fond, tout le monde en tongues et maillot de bain, quelques bières dans le bus, un voyage d'études quoi !

La playa dorada, au pied du pain de sucre à la pointe du Cabo de la Vela

Couchers de soleil sympatoches...on avait la sensation d'être à un bout du monde, reculés de tout, enfin au bout de quelque chose...

La Guajira est peuplée en majorité par les Wayuus, des natifs qui cohabitent avec les afro-colombiens avec tout de même quelques tensions. Les gens avec qui on a discuté ont été vraiment d'une grande gentillesse et nous on dépeint leur vie ici. Encore une fois, même si on était contents d'être là et de découvrir un nouveau coin, ça nous a bien foutu le blues. Ici les gens sont livrés à eux mêmes. Pas d'électricité, pas d'eau courante, pas d'eau du tout d'ailleurs, impossibilité de cultiver des fruits et légumes, donc chaque matin à 4h, 3 quatre-quatres passent chercher ceux qui le souhaitent et partent aussi avec une liste de courses pour ceux qui ne peuvent se payer le voyage. Direction Uribia, la petite ville la plus proche à 2h de piste pour revenir ensuite avec des chargements hallucinants (on sait, on était dedans à l'aller). De grandes richesses se trouvent pourtant dans le sous sol de la Guajira: charbon, sel...mais exploitées par des entreprises américaines ou européennes. Le pire est que les salariés ne sont pas les gens d'ici. Ce sont des travailleurs qui arrivent et repartent chaque jour en avion (!) depuis les grandes villes côtières (Santa Marta, Riohacha). On marche sur la tête là aussi. Et puis le gouvernement Uribe a quelques idées pour l'avenir de ce territoire. Il souhaite, avec l'appui de grandes entreprises construire de grands complexes hôteliers. Mais les Wayuu ne sont pas vendeurs de leurs terres. Ils considèrent que le gouvernement maintient leur isolement en attendant que les territoires se libèrent petit à petit. Au niveau santé, c'est nul. Avec une santé à deux vitesses, les gens d'ici vont se faire soigner gratuitement au Vénézuela à côté.
Heureusement la chaleur humaine de ces gens et la beauté des paysages nous ont permis de dresser un tableau un peu moins triste, mais quand même...
Petit retour en arrière depuis le précédent message sur les étapes pour rejoindre la côte caraibe. Vamos!

BOGOTA, 2450 m, 8 millions d'habitants
Courte étape mais c'est une capitale où on a passé des chouettes moments. On n'était pas mécontents non plus de faire un écart vers l'Est et de quitter un peu la panaméricaine. Bien sûr, on n'a pas harpenté toute la ville, d'autant que le soir on ne peut pas dire qu'on se sentait en grande sécurité mais bon, RAS. On est plus ou moins resté dans le quartier historique de la Candelaria.

Dans une rues de la Candelaria, le centre historique de Bogota

Au musée Botero, tout est peint en...plus gros
Puis une capitale, c'est aussi souvent pour nous l'occasion de faire quelques emplettes (renouvellements de quelques affaires qui commencaient à nous faire honte), visiter quelques musées. On était dans un hotel qui brassait bien, bien roots même, avec des espagnols, des argentins, des chiliens et Lary, un péruvien avec qui on a passé les 3 jours à Bogota entre parties de tennis de table, p'tits plats cuisinés à l'hotel, un concert de guitare classique (très bon) et la visite du Monserrate (un belvédère à 3000 m).
Vue depuis le belvédère du Monserrate

MOMPOX, AMBIANCE CUBA ET ROCKINGCHAIRS
Mompox, petite ville coloniale de 42 000 habitants le long d'un bras de l'important Rio Magdalena (traverse toute la Colombie, 1550 km de long comme la Garonne, son bassin versant abrite 80% des colombiens, soyons précis).

Le nom (Mompox) vient de celui du chef de la tribu Kimbay vaincue par les espagnols en 1537. Historiquement un important port escale de voyageurs et de marchandises en transit vers l'intérieur du pays, jusqu'au 20 ème siècle où ce bras du fleuve a été trop chargé en sédiments, empechant toute navigation et provoquant le déclin de la ville. L'histoire de la ville est aussi liée à l'indépendance (Bolivar est venu plusieurs fois, notamment pour recruter 400 soldats qui l'ont aidé à gagner la bataille de Caracas en 1813-le Vénézuela n'est pas loin). Là aussi, si on était allé à Cuba (décidemment on a quelques voyages à faire encore), on dirait probablement que ça nous la rappelle.

Une chaleur étouffante, une pluie tropicale impressionante un soir (ahhh, voilà pourquoi les trottoirs faisaient 50 cm de haut, innondation immédiate), un ciel blanc aveuglant le matin et les murs à la chaux qui n'arrangent rien, des maisons coloniales magnifiques aux façades décrépies, des églises massives peintes en jaune ou en rose pâle, des cours intérieures sombres mais bordées de colonnes en bois ou en pierre, ombragées de palmiers ou d'arbres aux gigantesques racines. Le centre est patrimoine de l'humanité depuis 1995. Tu m'étonnes. Il y a aussi les chapeaux en paille à larges bords, les charettes tirèes par des chevaux. Mon (Elisa) pantalon blanc propre du matin maculé de boue au bout de 10 minutes, forcément si tu marches en tongues dans les flaques. On est dévisagés par les gens mais on s'en fout, on s'y habitue un peu depuis la côte nord de l'Equateur (on n'a pas vu de touriste ici...tant mieux) et aucun problème, dès qu'on parle les gens sont ultra chaleureux. C'est encore très pauvre mais peut-être un peu moins que San Lorenzo (nord-ouest Equateur).

Soirée papottage à Mompox avec Jose, de Carthagène, mais en ce moment à Mompox, dont on a eu le contact par Régis un ancien collègue du Smeag. Il nous apprend beaucoup sur la politique d'Uribe et sur le contexte récent. Jose a bossé à Action contre la faim, on le sent très militant et très critique sur les gouvernements, trop de gens crèvent de faim (au sens propre) alors qu'il y a du fric en Colombie. Jusqu'à présent on a eu quasi toujours le même son de cloche "maintenant on peut sortir le soir et circuler dans le pays sans risquer sa vie...". Il y avait jusqu'à très récemment dans le pays une violence et une insécurité qui a vraiment marqué et énormément fait souffir les gens. De toutes façons, on ne détaille pas mais l'intégralité de l'histoire du pays est marquée par la violence depuis le début (guerres civiles et autres). Cette politique sécuritaire actuelle est un des aspects du pays, peut-être nécessaire, difficile à dire.
En revanche sur d'autres aspects ce n'est pas encore gagné. Corruption, politique sociale très criticable semble t-il (santé et éducation payantes si tu veux une meilleure qualité, pas de réelle reconnaissance des indigènes), beaucoup d'inégalités et de misère dans le pays. On ne se permettra pas trop de juger quand même (trop tard ?!) parce que la politique en Colombie est vraiment complexe. Entre les guérillas (il n'y a pas que les Farc loin de là), les para-militaires (ces milices armées par les grands propriétaires ou les narcotraficants pour protéger leurs intérêts), les narco-trafiquants, le gouvernement et quelques très grosses entreprises étrangères, ça fait beaucoup d'acteurs dans le pays... Ce qu'on peut dire c'est que les narcos et la guérilla collaborent, les seconds assurant la securité des premiers contre une part des bénéfices. Une autre chose bien grave, c'est que la politique sécuritaire du gouvernement (lutte et tolérance zéro contre les traficants et la guérilla sont les discours officiels) permet aussi de mettre en veilleuse des conflits existants dans le pays. Il y a en Colombie des millions de gens qu'on appellent "déplacés" (3,5 millions en 2006, on n'a pas les chiffres actuels) : ce sont des gens qui fuient pour éviter les massacres des guérilleros ou des paramilitaires, virés de chez eux pour laisser la place aux cultures bien juteuses comme les palmiers à cire par exemple. Ces palmiers implantés sur d'immenses surfaces pour, entre autres, fabriquer du biodiésel ultra rentable (utilisés en cosmétique et en patisserie aussi), produisent des paysages de monocultures gigantesques induisant des désastres écologiques (pesticides) et sociaux (déplacement de milliers de gens qui se retrouvent dans des bidonvilles immondes), d'où l'entrée en piste d'ONG comme Action contre la faim. Ces cultures occupent des surfaces qui ne sont plus utilisées pour l'alimentation. Ces conflits marquent particulièrement le Choros, une énorme zone de non droit, sans route pour désenclaver les communautés, à l'Ouest du pays (sous le Panama), où les gens (en majorité des afro-colombiens) sont livrés aux paramilitaires.

Pourtant plusieurs personnes rencontrées semblent "revivre" dans leur pays. Et ils semblent contents qu'on vienne leur rendre visite. Combien nous-on demandé si tout se passait bien, si on allait dire que la Colombie est un chouette pays pour que d'autres viennent? Enormément. C'est clair que l'accueil et la disponibilité des gens pour discuter nous ont ravi. Ils sont atristés de l'image qu'a leur pays à l'étranger...

ET PUIS...CARTHAGENE, LA CAPITALE DES PIRATES
Retour sur la panaméricaine et direction plein Nord. Moment fort pour nous que d'arriver dans cette ville dont on a longtemps rêvé, et sur la côte Caraibe. Carthagène avec son histoire marquée par de sanglants épisodes de piraterie. La ville a été fondée au début du XVI ème siècle, dès l'arrivée des espagnols sur le continent. Très convoitée ensuite par les ennemis de l'Espagne, la couronne d'Angleterre, la France, la Hollande, la ville fit l'objet de très nombreux assauts de pirates soutenus par ces derniers jusqu'en 1819 date de son indépendance (fêtée cette année dans quelques semaines avec l'élection de miss Colombie. Ahhhhhh, nous n'y serons pas. Il faut dire que les femmes colombiennes sont très très très belles les gars, surtout au nord. Hum, fin de parenthèse). L'attaque la plus célèbre est sans doute celle (avec succès) de l'Angleterre par l'intermédiaire de Francis Drake en 1586. Faut dire que Carthagène regroupait les trésors aztèques pillés par les espagnols au Mexique.
Sur les murailles autour du centre historique
Le fort San Felipe dont on a visité les galeries souterraines impressionnantes qui descendent jusqu'au niveau de la mer et qui étaient remplies de poudre pour tout faire péter en cas d'attaque. Enorme.

En 1741 un amiral anglais Edward Vermon tente avec 23 000 hommes et 186 navires de pillers Carthagène mais sans succès (3 essais en un an, finalement il repart en détruisant à peu près l'ensemble du dispositif de défense). La moitié des hommes meurent au combat ou d'épidemies, des corps morts qui flottent dans la baie. La grande époque quoi! Puis il y a eu plein d'autres pirates célèbres, mais on a pas eu le temps de tout apprendre.

Carthagène est une ville touristique (tourisme de luxe notamment) mais c'est magnifique et ça a rêveillé quelques souvenirs : l'ile aux trésors, les pirates, les corsaires, barbe noir, barbe rousse, barbe verte fluo...que bueno no más !


Dans les rues du vieux centre
Enfin, quitte à revenir fauchés, on a décidé de le faire avec panache et de se payer une nuit dans un hotel un peu plus classe (pas le Ritz non plus). Et puis, m...., on s'en est payé des hôtels bien glauques pendant ces 10 mois. La vérité, c'est aussi que c'était mon cadeau de 29 ans (Elisa) non encore consommé. Que biennn! Une belle vieille maison, une chambre avec vue sur une place, la (minuscule, mais certes!) piscine sur le toit, le minibar qui va bien dans la chambre juste sous la table de nuit, un ptit dèj royal...

C'est donc bien rilax qu'on a repris la route, longeant la côte.


LA COTE CARAIBES ET LE PARC TAYRONA
En quittant Carthagène on déchante un peu. La route longe la côte il y a eu un orage terrible la veille. C'est le début de la saison des pluies (tropicales). Du coup les maisons de fortune (ou plutôt de misère ici) sont sous l'eau. Les gens souffrent d'insalubrité, de maladies liées à l'eau dégueulasse et contaminée. Vision très triste à côté de cette côte souvent si belle.
On arrive au petit village de pêcheurs de Taganga que des touristes rencontrés sur la route nous avait fortement conseillé pour rester 2, 3 semaines faire la fête, se baigner, faire de la plongée, profiter quoi. Alors là on déchante pas mal, bien naïfs sommes nous! Pas du tout aimé. Hyper touristique c'est sùr, plein de fric même et de californiennes qui viennent se faire dorer la pilule et se payer un baptème de plongée au beau milieu de rue défoncées, de maisons en tôle défoncées, bref, ici encore une grande pauvreté. Pas sûr du tout que "la misère soit moins pénible au soleil". Alors ok souvent on va dans des endroits très pauvres et qu'on ne peut pas refuser le tourisme parce qu'on est bien contents de pouvoir voyager, mais le tourisme doit permettre de faire vivre, un peu quand même, une partie de la population. Là on ne voit pas du tout les retombées positives et ça nous choque pas mal. Donc on se casse dès le lendemain. En réfléchissant, on se dit que ça fait 10 mois qu'on voit ça, alors que faire? Tu n'as qu'à pas voyager dans les pays en voie de développement, petit. Attention, tout n'est pas noir, on a visité pas mal d'endroits ou le fonctionnement semblait pas mal, avec de réelles retombées positives sur les communautés. Tout ça est compliqué. Mème si on fait un voyage long et qu'on a globalement plus le temps que des vacanciers normaux, on reste évidemment dans la case "touriste étranger de passage" et on a profité nous aussi de lieux dont le fonctionnement est scandaleux (Machu Pichu est un bel exemple). AHHHHHH....peut-être qu'il est aussi temps de rentrer, même si on ne se le dit pas.
On charge en tous cas les sacs et la route continue. Départ pour 2 nuits et 3 jours dans ce qui est, nous a-t-on dit, parmi les plus belles plages au monde (ahh, "le plus quelque chose en Amérique latine", ça faisait longtemps tiens).
Il faut marcher un peu avant de rejoindre la côte puis le cap qu'on vise pour camper...c'est un peu comme marcher 2h dans un sauna
Après avoir vu, c'est sûr que des plages comme ça, on en redemande, c'était...heu...paradisiaque pendant 3 jours.

à 25 m de notre tente

à 200 m de notre tente. Petit dèj avant 7h (il fait déjà quasiment 30 degrés, hallucinant)

Et puis c'est bien aussi de finir comme ça, tranquilles, en amoureux les pieds dans l'eau. Beaucoup de temps dans l'eau. Un peu de snorkeling et puis surtout du temps pour...ne rien faire! C'était top les randos dans les Andes mais soleil, tongues et sable de temps en temps ce n'est pas mal non plus!

La suite, c'est un trajet pour rejoindre Riohacha ville tranquille aux portes de la Guajira point le plus haut de notre voyage mais ça, on l'a déjà écrit.

On est maintenant dans la redescente sur Guayaquil. Ca sent clairement la fin, mais on a encore 2, 3 p'tits trucs à découvir. Nico joue et bosse les gammes sur son charengo. On retrouve les petits dèj dans les marchés andins.
Abrazo fuerte et suerte, chicos.
PS: on a compté 94 4L en 27 jours, pas mal non? Comment ça on ne fait que glander ici?

10 oct. 2009

Couleur Café

Et bien ça y est nous voilà au pays du café (ou plutôt un des pays du café). Pour commencer soyons clairs, en 3 mots: VENEZ EN COLOMBIE !

un des milliards de dodge du pays


TODO VA BIEN
Certes on sent bien que le pays n'est pas à l'abri du crime (quel pays le serait à 100%?), que la situation n'est pas normalisée du fait de l'omniprésence de militaires armés jusqu'aux dents dans les villes et sur les routes. Les bus sont fouillés 1, 2 voir 3 fois par trajet. Le bus s'arrête, on fouille les hommes, les deux mains sur le bus et les sacs des dames et on repart... Par contre une fois qu'on s'y habitue, c'est juste...encore un coin du globe à découvrir. Selon ce qu'on a pu en voir (peu c'est vrai pour le moment), vraiment très peu de danger pour le voyageur. On parle souvent avec les gens dans la rue, au café, dans le bus, tous d'une grande disponiblilité. L'accueil ultra chaleureux nous rappelle vraiment l'Argentine et c'est tout simplement un plaisir. Ils aiment parler de leur pays, de politique, de sport (bon ça, on ne peut pas dire que cela soit ultra original). En papotant, on se rend compte qu'évidement les colombiens ont souffert de l'image de m..... donnée de leur pays par la drogue, la guerilla etc... Il faut que ça change, ils veulent que ça change, c'est sûr. L'extrême présence militaire semble être une des causes de l'énorme changement du niveau de sécurité depuis 2002 et de la vie de tous les jours. De nouveau il est possible de prendre le bus pour se déplacer hors des villes de jour comme de nuit, il est possible de parler politique et même en mal (peut-être encore à voix basse dans certains endroits on a cru comprendre), on peut sortir de chez soit après 18h sans se faire brûler sa voiture ou pire...bref, les choses ont beaucoup beaucoup évolué. On ne peut que témoigner ici de l'enthousiasme des gens pour que plus de monde vienne les voir! Et puis c'est surtout un pays magnifique... Pour le moment aucun soucis de sécurité, on adore et on en redemande, c'est à peu près tout.

Toujours les Andes...


Nous sommes donc arrivés dans ce beau et grand pays (punèse on n'y reste qu' un mois, c'est beaucoup mais c'est rien) sous la pluie en passant sans soucis une frontière assez glauque. Une fois le tampon très moche posé sur le passeport (tout ne peut pas être parfait), vamos ! Rencontre bien sympa avec Andy, un australien avec qui nous partageons un taxi, le reste de la journée et la soirée à Pasto, première grosse ville (450 000 habitants) à 2 heures 30 au nord de la frontière. Rien de particulier à voir mais on trouve juste une ville agréable et un hotel tres sympa avec la meilleure pancake du voyage (koala Hotel) enfouie sous 2kg de fruits coupés, avec un soupçon de miel. D'ailleurs depuis l'arrivée en Colombie, de nouveau beaucoup de rencontres avec des européens, plusieurs australiens et c'est un autre aspect du voyage qui nous plait aussi. Papoter ne serait-ce qu'une soirée avec un inconnu autour d'une bière ou autre permet de s'échanger des infos sur le voyage, de taper la discute et sur le dos de nos présidents respectifs...tout ça nous plait beaucoup et on le sait, va certainement nous manquer plus tard.


UNE VIREE DANS LA CORDILIERE ORIENTALE

Une nuit à Pasto et on file vers le nord direction Popayan et San Augustin. De nouveau, notre rythme s'accélère. On n'a "qu'un mois" en Colombie qui fait deux fois la France donc on doit de toutes façons faire des choix. Le plan, c'est de rejoindre la côte Caraibes en bus en allant le plus haut possible via quelques escales puis tout redescendre en avion de l'extrême nord-est (depuis Riohacha) jusqu'au sud (Pasto justemment). On s'est rajouté 2 mois de voyage et on a pu repousser la date mais non le lieu du vol-retour donc on s'envolera depuis Guayaquil au sud de l'Equateur. Depuis la frontière Equateur-Colombie, on prévoit de relier Guayaquil en bus + un peu de train. Tout ça c'est pour plus tard, mais ouh...ça va surement arriver bien vite Caramba! (si si, ça se dit, ambiance Mexique ici par moments, dans la musique aussi d'ailleurs).

Popayan et San Augustin tout simplement car les deux endroits nous ont attiré l'oeil en lisant le guide d'Andy. Avant la Colombie on n'avait jusque là presque pas de guide sur nous (sauf un peu en Argentine et au Pérou) car on s'était pas mal renseigné avant le voyage et que discuter avec les locaux ou d'autres voyageurs nous suffisait. Ici évidemment on n'avait pas prévu de venir, rien lu, donc on plane un peu mais ce n'est pas plus mal car on est agréablement surpris à chaque fois.

Dans les rues de la très chouette ville coloniale de Popayan, dont les murs blancs, les boiseries et les balcons en fer forgés nous ont rappelé Arequipa, sud du pérou. Ahhhh...Arequipa !

San Agustin: un village colonial à 1700m d'altitude dans la cordillière orientale des Andes colombiennes, à 6 h de bus (le terme tape-cul serait plus adapté) de Popayan. Quand t'arrives cassé en deux chez Mario et Yanet (leur Hotel Maya est en haut de la petite rue qui monte, la plus vieille du village) et que tu sens l'odeur du café qu'ils viennent de griller dans la cuisine, qu'ils t'en servent une grande tasse et que tu vois la grande salle pleine de hamacs en haut et que ta chambre donne sur le village et sur les plantations de café et autres fruits sur les vertes collines autour...ben tu te dis que ça ne part pas trop mal.



La plus vieille rue de San Agustin

Mario et Yanet ont énormément voyagé (un enfant né au Mexique, un aux Etats-Unis, un autre au Chili) puis vivent maintenant dans leur pays ou est née leur dernière fille. Mario c'est un peu un cow-boy, un peu rustre, bien grande bouche, mais tout simplement un hôte qu'on ne peut pas oublier, ni les conversations politiques enflammées, très bon. En fait chez nous, ce serait un corse (personne n'est corse ici de toutes façons?).


San Agustin, c'est aussi un des sites archéologiques les plus intéressants de Colombie, raison de notre venue, patrimoine de l'humanité, dont les vestiges les plus vieux remontent quand même à 3000 avant Djiseusse Chryste.


Visite de plusieurs sites à cheval avec une guide vraiment intéressante, allez, le lendemain je (Elisa) ne pouvais quasiment plus marcher en raison du mal au dos mais on s'est régalé quand même.

On ne pensait pas un jour faire du galop aussi rapide et sans tomber au milieu de plantations de café sur des chemins boueux avec des pentes comme ça, mais bon, on s'étonne chaque jour, c'est important.


CALI: GROSSES CHALEURS ET SPECIALITES CULINAIRES

Retour à Popayan où on passe une bonne nuit réparatrice puis direction le nord pour nous rendre à Cali, chez les parents d'Anamaria.

La Merced, Cali

Après un almuerzo de boudin aux herbes, bananes cuites et yucas (sorte de patates) servis sur sa feuille de bananier dans la chaleur torride du marché (mais tant pis c'est trop bien de manger dans les marchés) on passe le dimanche après-midi, accueuillis comme des rois entre les canapés du salon et la table de la salle à manger autour d'un....café petits-pains-chauds-que-tu-sais-que-tu-manges-trop-mais-que-c'est-toujours-bon-de-goûter.


Outre la rencontre vraiment chouette et l'accueil royal de la famille d'Anamaria, de ses tantes, de son oncle, des cousines, Cali a été une véritable étape découverte culinaire. Jus de mûre, jus de lulo, jus de guanabana, galettes de mais fourrées au fromage, sancocho de poisson (sorte de soupe), beignets de bananes fourrés au fromage, poisson délicieux avec son riz-coco de tuerie...du bon, du très bon quoi...Entonces muchisimas gracias Amanda y Luis.

LE CAFE VU D'ICI


Bon, c'est la fin du voyage, on se lâche et on crâne un peu avec les photos !


Il est bon ton café gringo !

On ne pouvait décemment pas venir en Colombie sans passer dans le coeur de la zone productrice de café, donc sur les conseils de plusieurs voyageurs on choisit de s'arrêter à Salento, petit village "touristique mais magnifique" (un autre!), perché à 2000m dans la cordilière centrale (les Andes se divisent en 3 cordillières en Colombie).


Dans les rues de Salento, zone du café en Colombie

L'ambiance, comme à San Agustin, c'est poncho, bottes, machettes, chapeaux en cuir, avec des billards et des parties de cartes dignent des meilleurs westerns dans des bars en bois peint, de la salsa ou du vallenato (musique qui sonne mexicain pour nous, oreilles impures, mais qui vient de la côte nord caraibe). Il y a aussi les champs de bananes, de café, les chevaux partout et pas mal de jeep, des palmiers jusqu'à 60m de haut, des vieilles maisons fleuries aux murs blanchis à la chaux et aux volets colorés.Petite ballade matinale dans la vallée de Cocora avec ses palmiers d'une hauteur hallucinante. On se fait inviter sur le chemin par un groupe de campeurs bien fatigués de la soirée de la veille pour un bon café chaud et une aguapanela (eau chaude avec du sucre de canne, pur délice): que bueno no mas!

Les ceras (Palmiers): arbre national de la Colombie, peut atteindre
60 m de haut

Rencontre sympathique pendant la rando: un tatou (dasypodidé).

Le lendemain, direction l'hacienda Guayabal à un peu plus d'une heure de moultes bus plus au nord pour aller se faire expliquer la fabrication du café. Une des visites les plus intéressantes qu'on ait fait jusqu'à maintenant. Balade dans la plantation avec des explications passionantes sur tout le processus depuis le semis des graines dans le sable, la sélection des petits plans, la taille de l'arbre (un arbre ici donne 5kg de graines de café par an qui au final sont tranformés en seulement 600 gr. de poudre pour la tasse du consommateur, ça donne une idée du nombre gigantesque de plans de café qu'il faut pour satisfaire la demande: perso, nous ça nous fait 2 semaines environ, 600gr). On apprend aussi comment se fait la récolte (ici tout à la main) et les nombreuses étapes de préparation, de sélection jusqu'au conditionnement pour la vente en grain...pour l'étranger bien súr. Et oui, encore une fois, dans la série "les joies de la mondialisation" dans les pays pauvres, on a vu ce qui part à l'étranger c'est à dire des grains très très haut de gamme (on ne détaille pas ici toutes les étapes de sélection mais on peut vous assurer que le café qu'on achète provenant de Colombie, c'est du bon...). Tout est envoyé vers les lieux de consommation en gros sacs de café en grains (en grain et non moulu, pour garder l'aròme), puis torréfié chez nous (torréfié=tosté: le café est noir parce que les grains sont tostés à plus de 100 degrés, si tu toastes pas, c'est pas du café). D'ailleurs vu la tête de la guide quand on lui a dit qu'on achetait le café moulu (hérésie, malheur pendant 6 ou 7 générations à peu près). On va s'y mettre, se trouver un moulin et moudre son café à plus de saveur que d'acheter du tout moulu, petit scarabée (et même s'il faut se lever 5 minutes plus tôt).

Après la récolte des graims murs, ceux-ci sont versés dans ce grand entonnoir et tombent dans une machine qui enlève la coquille extérieure puis la pulpe


Séchage des grains à 60º

La qualité de ce qui part à l'exportation est sans aucun rapport avec ce qui est destiné à la conso locale, c'est à dire un mélange des graines mauvaises, celles bouffées par les oiseaux et par les parasites -insectes et autres- (avec les parasites), les graines ayant mal poussé et enfin sans séparer les deux enveloppes extérieures, coquille et peau, allez zou on mélange le tout et ça ira bien. On se demande comment on a pu trouver le café bon ici, et pourtant, si, rien à voir avec le nescafé qui nous saoûle depuis des mois. Caroline, la guide nous explique que le relatif bon goût vient du fait que à la base, il s'agit d'un super café, donc même les résidus sont bons...mouais si tu le dis... Le café en question c'est de l'arabica. Les semences ont été modifiées suite à des ravages vers 1990 dus à un champignon responsable d'une hécatombe nacionale. Les nouveaux plans sont plus petits que le vrai arabica mais résistent au champi. Une autre facette terrible est évidemment les salaires médiocres des travailleurs, en bout de chaines. Le prix du café dépend du cours du dollar et avec lui donc le salaire de ceux qui récoltent et les revenus des propriétaires des plantations, premiers maillons de la chaine. Ceux qui s'en mettent plein, c'est les entreprises étrangères qui achètent les grains de café et les torréfient à l'étranger pour vendre ensuite le tout à prix d'or. Désespérant comme d'habitude. Choisir de ne plus consommer de café est évidement une mauvaise solution puisque ça entrainerait une catastrophe sociale ici, par contre privilégier les circuits équitables, assez développés en Equateur par exemple (on ne parle pas de Max Havelaar équitable mes fesses), semble intéressant, avec la difficulté induite de trouver chez nous des circuits fiables. On verra si on est si fort pour appliquer ce qu'on pense aujourd'hui. Enfin, à Toulouse, on y arrivait bien. Un dernier détail intéressant: ici tout est récolté à la main, c'est à dire que seuls les grains murs sont récoltés, contrairement aux récoltes industrielles (au brésil nous a-t-elle dit) ou aucune sélection n'est faite: mème les grains verts pas murs sont utilisés, réduisant un peu la qualité finale, forcément. Bref, bon courage pour choisir le prochain paquet!

On est arrivés hier matin par le bus de nuit à Bogota, qu'on découvre doucement. Autre ambiance et autre accent. Pour l'instant, on est impressionés par la beauté du vieux quartier, la Candelaria. Hier soir craquage...deuxièmes sushis du voyage. Là, on devrait retrouver Joe un ami irlandais rencontré à Salento pour boire un coup ensemble.

Suerte chicos et pour demain....ALLEZ LE STADE!!

28 sept. 2009

De la Capitale aux mangroves

Dernier jour en Equateur pour nous. Demain une nouvelle frontière et pas n'importe laquelle, on est excités comme des puces, soyons francs. Un poil d'appréhension aussi car les relations entre l'Equateur et la Colombie sont tendues, mais bon, on s'est renseigné et ça devrait passer sans soucis.


Après maintenant près de 4 semaines passées dans ce petit pays qu'est l'Equateur, on commence un peu à comprendre certaines choses sur le pays, son fonctionnement, sa politique, ses habitants. En tous cas on est constamment surpris et sous le charme de ce pays 2 fois plus petit que la France mais doté d'une grande diversité de paysages et de cultures. Etonnés aussi par la modernité des villes. Pour ce qui est des campagnes, c'est une autre histoire. On le voit depuis le début du voyage, il y a une énorme différence de modernisation entre les villes et les campagnes, un contraste vraiment important, deux mondes. On s'est sentis par moment en Equateur et au Pérou dans des ambiances similaires à la Bolivie, par l'isolement extême de certaines communautés. Ici on a donc roulé sur des routes asphaltées impeccables par endroits, en terre et complètement défoncées ailleurs. Dans les villes importantes qu'on a visité (Loja et Cuenca au sud, Quito et Latacunga au centre, Otavalo et Ibarra au nord) l'ambiance "d'à peu près fini" contraste vraiment avec ce qu'on avait pu voir au Pérou ou en Bolivie: trottoirs, plantations, passages pour handicapés etc...


QUITO

La Capitale mais deuxième ville du pays avec 1,5 millions d'habitants, 2ème Capitale la plus haute du monde après la Paz (question à 100 points, la 3ème ?). La ville est vraiment agréable et nous plait bien (il nous semble bien qu'on pourrait y vivre par exemple). Une Capitale divisée en 2: Quito moderne et Quito colonial, 2 quartiers déconnectés l'un de l'autre et qui fonctionnent de manière autonome l'un par rapport à l'autre (bon, avouons le, il y a quand mème un trolleybus qui relie les deux). C'est très simple, un quartier pour faire ses achats la journée et un quartier pour sortir le soir. Le premier soir on cherche un endroit pour manger un bout dans le Quito ancien, résultat pas un chat et surtout pas un sandwich.

Quito moderne le soir: photo floue et moche, mais c'est pour donner une idée de l'ambiance !

Le lendemain Quito moderne, hallucinant, des bars à perte de vue, des restos branchouille, ambiances DJ sur les places publiques et musique à fond ! Notre hôtel l'Auberge Inn très convivial est situé entre les 2 quartiers de Quito. On retrouve l'ambiance de l'hôtel à Huaraz au Pérou (mais sans la terasse) qu'on a tant aimé.



La plaza Santo Domingo, Quito colonial
En arpentant les rues on monte à un beau point de vue dans un parc saluer la vierge (jamais très loin, fort heureusement pour notre salut) et voir cette ville s'étendre sur les versants des montagnes. Très belle vue également sur le Cotopaxi, le grand volcan. On nous met en garde une fois en bas en nous disant houla faut pas rester là muy peligroso (très dangereux) euh, cette fois je crois que c'était vrai mais heureusement RAS !
Quito n'est pas le site de la Paz entre 3600m et 4100m sur les pentes d'un canyon mais le site est quand même impressionnant. Une Capitale dans la montagne avec un super système de transport. Pas de métro, pas de tramway mais 3 lignes de trolleybus qui fonctionnent très bien (même si les conducteurs se croient dans une course de Formule 1, des frâlés) !

Le Quito colonial ressemble complètement à une ville d'Espagne, en moins animé le soir (en fait, il n'y a pas d'animation du tout après 21h, c'est bizarre). On flâne avec plaisir dans cette ambiance détendue et deux soirs on profite d'un festival de jazz gratos en plein air sur la place du théatre (petite pensée pour Max)...ouh que ça fait du bien d'entendre autre chose que la cumbia ou les fanfares de temps en temps...

UN POINT POLITICO-POLITIQUE

Pendant le festival à la terrasse d'un café petite discution avec une française, Laeticia, mariée à un équatorien qui vit à Quito et bosse dans une association humanitaire. Son mari est conseiller auprès de Rafael Correa, Mr le Président. Vraiment intéressant pour nous d'avoir un nouveau point de vue. On avait, avant de venir l'image d'un Président situé politiquement à droite ou centre-droite (ah les à prioris) en fait il est clairement à gauche sans doute entre un Chavez au Vénezuela et un Lula au Brésil. En tout cas le jeune (46 ans, économiste) Rafaaaaaa' (beaucoup craquent pour son beau sourire) parle de révolution citoyenne (plus d'infos dans le blog d'un journaliste qu'on a trouvé vraiment intéressant et dont on a mit le lien à droite de notre modeste blog). Selon Laeticia en tout cas malgré un populisme indéniable, bilan plutôt positif pour Correa. Un début d'éducation gratuite, d'accès à la santé gratuit également, de gros efforts de modernisation en terme d'accès à l'eau, d'assainissement... Elu en 2006 avec près de 57% des voix sous le mouvement Alianza Pais (alliance, et non "parti", qui réunit différents courants de gauche) il est opposé au traité de libre-échange (TLC) avec les États-Unis et soutient une plus grande participation de l’État en ce qui concerne l’exploitation du pétrole et la gestion des ressources pétrolières. En juin 2008, une nouvelle Constitution a été approuvée par l’Assemblée nationale constituante. Cette nouvelle Constitution, qui représente LE projet du début de mandat de Correa, est d’après lui le moyen d’enterrer le modèle néo-libéral appliqué par ses prédécesseurs. Cette Constitution renforce les pouvoirs présidentiels en particulier dans les domaines économiques et monétaires (secteur énergétique, télécommunication, mines, eau). Il inscrit dans la nouvelle Constitution le droit de vote à TOUTES les élections (même présidentielles) pour les étrangers résidants dans le pays depuis plus de 5 ans (hallucinant, mème au niveau mondial), et inscrit le Quechua et le Shuar (les Suars étaient appelés les Jivaros avant) au statut de langues officielles. Correa a par ailleurs annoncé la diminution par 2 de son salaire ainsi que la diminution des salaires des hauts fonctionnaires équatoriens. Il est également opposé à la dollarisation de la monnaie du pays (il y a quelques années pour faire face à une grave crise économique le pays a abandonné sa monnaie, le Sucre, pour le Dollar). En tous cas, exploit de Rafael Correa en avril de cette année : se faire réélire! (pendant 10 ans, 7 Présidents plutôt pas très nets se sont succèdés. Aucun n'a finit son mandat! Le sport national ici, c'est "Votar y botar" = "voter et jeter", ou virer; il y en a même un qui s'est fait élire 5 fois et virer 5 fois dans les 50 dernières années).

Ceci dit, évidemment soyons prudents dans le "bilan positif" : pas mal de manifestations en ce moment dans le pays, les profs et les étudiants depuis 9 jours maintenant et de nombreuses communautés dans l'Amazonie et la Sierra (on a vu hier des images de Zumbahua, où on était il y a quelques temps, Léo c'était très impressionnant: la place bondée de monde venu protester). Enormément de monde qui se réunit et manifeste partout, ici les gens ne semblent pas vraiment se laisser faire.

Par ailleurs (on arrête après) il y a quelques mois Correa était accusé d'avoir financé une partie de sa campagne avec des fonds provenants des Farcs, rien que ça. Encore une fois donc, il y a du bon et du mauvais dans tout. La politique en Amerique du sud est passionnante mais complexe, on s'y intéresse beaucoup mais malheureusement on n'a pas encore tout bien compris et on n'est toujours pas bilingues (oui, mais qu' est-ce qu'on fiche, on se le demande?)...on livre ici juste quelques trucs qu'on a trouvé interessants. Et on ne parlera pas de Chavez (se tenait le week-end dernier au Vénézuela la seconde rencontre des Présidents des pays d'Amérique du sud et d'Afrique, et on en a entendu des énormes hier à la télé de la bouche de Chavez) !


OTAVALO ET SES ENVIRONS

Les marchés
Après Quito, direction le nord, toujours par la panaméricaine, pour Otavalo (2500m), ville de 44 000 habitants agréable, très réputée pour son marché. Les guides présentent souvent Otavalo comme le plus beau marché d'Amerique Latine. Le plus le plus...toujours le plus, on n'en sait rien et puis le plus beau marché du monde c'est pas le marché de la Croix-Rousse ? En tout cas le marché alimentaire est vraiment chouette et le marché artisanal fait un peu "business is business" mais...on va sûrement acheter un truc ou 2 au retour genre 35 kilos, quand on repassera par Otavalo (on est obligés de repartir en France depuis le sud de l'Equateur donc on repassera par là en redescendant à Guayaquil en bus) !

Les p'tits déj' au marché alimentaire d'Otavalo

Les indiens Otavalo nous ont impressioné par leur classe. Pantacourt blanc, poncho bleu marine, chapeau en feutre sur une natte impeccable pour les hommes (les petits aussi ont les cheveux longs). Chemise blanche brodée et robe bleu marine fendue, laissant voir une jupe blanche en dessous pour les femmes.


Pour tout le monde, c'est espadrilles (en plus ouvert) aux pieds. Le nombre de gens en habit traditionnel est impressionant. Pour la première fois on ressent vraiment la transition entre modernité et tradition, en voyant par exemple voir rouler dans des grosses bagnoles brillantes des gens en habit traditionnel (les Otavalos sont connus pour s'être très très bien adaptés à certains aspects de la vie d'aujourd'hui, en faisant notamment des marges énormes sur la vente de leur artisanat - bien sùr à Otavalo, on peut trouver des pulls en alpaga avec des portraits de Bob Marley).

Beaucoup de choses à faire dans les alentours d'Otavalo. D'abord ballade autour de la lagune Cuicocha où l'on rencontre un israëlien très sympa avec qui on passe la journée et la soirée.


La laguna Cuicocha

La forêt équatoriale et l'école d'Azabi
Et puis une magnifique rando de 2 jours (ahh ça faisait longtemps ça fait du bien, le pied est guéri) dans une ambiance de forêt équatoriale d'altitude (2700 à 1900m). On commence par louper un bus. Alors là, c'est le deuxième qu'on loupe en Equateur (et depuis le début du voyage); tellement habitués à partir en retard qu'on s'est fait avoir deux fois ici en arrivant à l'heure pile. Ils ont quand mème fait un "plan national de ponctualité" ici il y a quelques années, ça ne rigole plus.


Du coup, on arrive un peu tard au point de départ de la balade du premier jour (17h, plein brouillard de montagne, 1h30 de marche pour rejoindre Azabi, le village qu'on vise, la nuit qui tombe à 18h30, bref, que bueno no mas!). Advienne que pourra, mais on sait de toutes façons qu'on ne mourra pas de faim dans la campagne, il y aura forcément des gens. On espère pouvoir dormir dans l'école ou chez l'habitant. On part sans tente cette fois.

La lumière de fin de journée éclaire les versants des montagnes et offre des couleurs bien chouettes.

On arrive à Azabi à la tombée du jour. L'école ne peut pas se louper, le village étant constitué d'une maison et de l'école (le reste des habitants est dispersé dans la vallée) . Nous sommes très gentillement accueillis par Margot, l'institutrice (petite pensée pour Margaux Herady). On installe notre lit euh...notre duvet nada mas par terre dans une classe et on partage la soirée et un repas avec Margot et Carlos, employé pour 2 mois pour des travaux de rénovation (il vient de finir le nouveau bâtiment, dans lequel on dormira, puis doit tranformer l'ancienne école en réfectoire et refaire le sol de la cours). Ce soir c'est nous qui cuisinons...
Autour d'un maté de coca (le dernier?)

La grosse blague de la soirée a été sans hésiter quand on leur a proposé de finir ensemble la coca qui nous restait (un ptit maté après le repas, rien de mieux) pour la digestion: persuadés qu'on voulait les droguer! Aucune consommation de coca en Equateur...du coup ça a donné un fou rire pendant 10 minutes, n'importe quoi, enfin ils ont quand même bien aimé!

Une nuit dans une des deux salles de classe

Le lendemain nous sommes joyeusement réveillés à...5h00 par la musique à fond de nos voisins qui attaquent le boulot à 6h30, que bueno no mas tambien!! De toutes façons on a fait une croix sur les grasses mat' et on ne se souvient plus du jour où on s'est réveillé après 7h depuis des mois, en raison d'une insonorisation inexistante dans la plupart des bàtiments d'Amérique du sud (au risque de nous mettre les lecteurs architectes de Bolivie, spécialistes du domaine, à dos).

Petit dèj tous les 4 puis on assiste à l'arrivée de 45 enfants de 5 à 12 ans (un élève a mème 16 ans cette année). Tout le monde en bottes malgré la très forte chaleur. Certains habitent à une heure de marche. Il y a aussi les petits frères de 3 ou 4 ans (8 ou 9 enfants par familles est un nombre très souvent atteint) qui accompagnent les autres et restent aussi dans la classe. La classe démarre par un moment d'un autre temps: regroupement dans la cour et exercice physique puis chant de l'hymne national. Ensuite on dit ou plutôt on hurle "bonjour maitresse" à 45 voix. Quand Margot nous présente et qu'on commence à parler un peu, après avoir dit "bonjour", le "bueno dìas" à 45 voix nous prend un peu aux trippes. On leur explique un peu ce qu'on fait là (d'ailleurs qu'est-ce qu'on fait là après tout? y a-t-il un intérêt à passer en coup de vent comme ça? la limite entre découverte et voyeurisme est ténue...on n'a pas de réponse), on leur parle de notre pays, de nos familles, de comment ça marche l'école chez nous. Devant nous des grands yeux équarquillés, quelques sourires, beaucoup de timidité.

Pour la classe en intérieur, les 7 niveaux sont divisés en deux groupes, le niveau sonore dans le nouveau bâtiment impressionant.

Dans la classe des petits

Au bout d'une heure de maths pour les grands et de "je différencie le haut et le bas et les parties de mon corps" pour les petits, tout le monde court sur le terrain plus bas pour se défouler, l'occasion pour nous de proposer un bon vieux ballon prisonnier (tout le monde se souvient de s'être pris au moins une fois le ballon en pleine face, mais il est bien ce jeu quand même) suivi de l'incontournable foot auquel on ne peut pas couper (l'équipe d'Elisa, qui a fait des arrêts incroyables, gagne).

Echanges évidement très chouettes avec Margot et Carlos et moments bien sympas avec les petits quoique dans l'ensemble extrêmement timides, mais cela a été pour nous également bien triste d'entendre les difficultés (voir le désespoir) de la vie de Margot, qui nous a bien fait relativiser le fameux "bilan positif" de Correa, évoqué plus haut. Elle est originaire d'Otavalo, à 1h30 de bus puis autant de marche d'Azabi, a la quarantaine et 3 enfants dont les deux plus grandes font des études de médecine et d'école d'infirmière. Il y a 5 ans, on l'a obligé à venir enseigner dans cette communauté d'Azabi (si tu refuses, on te vire). Au début ils étaient 3 instits pour la cinquantaine d'enfants, puis 2 après un départ en retraite, puis une quand sa collègue a démissionné en raison de la distance. Elle ne voit sa famille que le we et parfois moins lors de la saison humide (c'est la fin de la saison sèche en ce moment) quand les routes sont coupées en raison des coulées de boues qui détruisent la route. Elle bataille donc à chaque rentrée pour qu'on lui envoie un assistant, car elle doit s'occuper toute seule des 45 enfants répartis sur 7 niveaux, doit faire le ménage dans l'école et gérer les petits soucis de la communauté. L'an dernier l'assistant n'est arrivé qu'en février...cette année elle n'a pas d'infos claires non plus. Cependant elle ne baisse pas les bras, car comme elle dit, depuis toute petite elle voulait faire institutrice, par contre on l'a senti un peu à bout. On vient de développer plusieurs photos qu'on s'apprête à leur envoyer avec un petit mot d'encouragement pour Margot, mais ceci nous parait bien peu...on a envie de rester 6 mois plutòt pour lui donner un coup de main et la décharger un peu.

Les 45 élèves de Margot dans l'école d'Azabí

Transport scolaire à Apuela un village à quelques heures de marche d'Azabi


UN TRAIN PAS COMME LES AUTRES

Super moment dans les environs d'Ibarra (100 000 habitants) ville agréable encore plus au nord, quasiment à la frontière avec la Colombie (en fait les villes sont plutòt agréables en Equateur so far). D'Ibarra on pensait filer direct en bus pour San Lorenzo, à 200 kms, à l'extrême Nord Ouest du pays, mais on apprend que l'autoferro, le train (en fait un bus monté sur rails) qui reliait historiquement ces 2 villes et détruit il y a quelques années par des pluies et coulées de boue lors d'un El Niño particulièrement ravageur, est ré-ouvert sur une petite partie du trajet (les premiers 50 kms). Vamos!

Ce train est connu pour la difficulté de réalisation de la voie de chemin de fer, très étroit, avec des tunnels à la pelles, des passages à flanc de montagne et des ponts très étroits et assez aériens... En tous cas on s'est régalé.

Du coup on dort un nuit de plus à Ibarra, ce qui donne l'ocassion à Nico de creuser son avance au Yam et de vivre en direct live une scène bien kitch...la finale d'un concours de chant. Ca vallait bien le détour !


SAN LORENZO : UN AUTRE PAYS DANS LE PAYS

Trajet éprouvant pour arriver à San Lorenzo. De là nous ne sommes qu'à quelques kilomètres de la Colombie, mais on décide de passer la frontière plus tard en revenant à Ibarra, pour entrer en Colombie par la panaméricaine, axe sùr. Entassés dans le bus à éviter les machette des gens qui reviennent des champs (le bus est bondé et le chauffeur conduit à fond et par à-coups, un vrai bonheur) et surtout à supporter une chaleur à crever. A la fin on était tous les 2 limite. Bref, arrivés à destination, on est tout de suite pris par une ambiance nouvelle. Sensation d'être dans un autre pays, une atmosphère qu'on ne connait pas. San Lorenzo, 15 000 habitants, est une ville littérallement défoncée, très pauvre, où il n'y pas un blanc, pas un gringo, que des blacks. Descendants des esclaves amenés en Amerique du sud ils ont peuplé cette partie de l'Equateur.


Dans une rue de San Lorenzo
On sent les regards curieux se poser sur nous. Ce sera comme ça pendant 4 jours. On voit surtout rapidement une gentillesse incroyable et des gens qui nous sourient et nous parlent assez facilement. Bref, rien que du bonheur, même si on se sent tous petits au milieu de ces grands hyper baraqués! Bizarrement quand un truc nous énerve ou se passe moyen on râle un peu moins... On se trouve un très bon hôtel avec moustiquaire trouée, cloison épaisse comme du papier à rouler mais avec un ventilateur 3 vitesses et télé avec 10 000 chaines (hier soir Le pont de la rivière Kwaï -en ce moment on se fait pas mal de classiques du ciné, c'est rénial). Le premier soir petite balade sur la jetée. Les gens trainent, pêchent, reviennent des îles autour, on sent un rythme tranquille...


En face de la jetée, il y a aussi les maisons sur pilotis insalubres, l'autre quartier de San Lorenzo. Dur. Le soleil descend doucement et les couleurs sont magnifiques sur la mangrove au loin. La ville est située sur la côte dans un delta occupé par beaucoup d'ìles à la végétation très dense, bordées de palétuviers. On se sent vraiment au bout du monde ici.

Depuis la jetée de San Lorenzo

On voulait se balader dans les magroves plus au sud mais le seul moyen semble être via des "tours", trop chers et qui ne nous intéressent plus (pas vraiment d'office de tourisme ici !!). En discutant avec un gars qui tient une agence de transport, on peut en revanche prendre les bateaux qui servent de transport en commun ici pour se rendre sur une île à 5 km seulement de la Colombie, le long du Pacifique, pour pas cher (3 dollars aller). Là-bas un village de pêcheurs et apparement une superbe plage: idéal pour une bonne journée. Vamos! Départ 7h15 (de toutes façon impossible de dormir plus tard que 6h30 avec ce b..... ambiant. Ahhhhh. Ok on radote). Le chargement de la barque à moteur est du grand n'importe quoi: des sacs de fruits et légumes, des caisses de je ne sais pas trop quoi, des bassines entassées sur des glacières en polystyrène pleines de glaces, tous les passagers serrés comme des boliviens dans le bateau. C'est parti pour 1 heure de navigation avec une escale dans un village sur pilotis puis on arrive à Playa el Cauchal; 350 habitants. Après une petite discussion avec une dame, Consuelo, puis un pêcheur, on part se ballader sur la côte. Chouette moment avec une bonne baignade dans le Pacifique, personne sur la plage si ce n'est les habitants qui partent dans les plantations de bananes machette à la main.

On se promène sur la belle plage si ce n'est derrière nous à 25 mètres la laisse de mer qui nous rappelle que nous sommes bien dans l'ère du plastique et du n'importe quoi. No comment.

Le village d'El Cauchal, à quelques kilomètres de la Colombie, le long du Pacifique
Retour au village dont on fait le tour (1minute 34 secondes) pour rejoindre le comedor (la cantine du village) où on avait commandé un almuerzo. C'est une maison haute sur piloti composée d'une pièce avec 4 lits superposés, un petit coin bar à l'entrée derrière lequelle les plats mijotent, puis une table et 4 chaises. Délicieux poisson dans sa sauce Coco. On discute avec la cuisinière et quelques personnes qui déjeunent avec nous, du village et de son fonctionnement. Là aussi on se demande un peu se qu'on fait là. On apprécie énormement d'être ici mais la limite est encore très étroite entre découverte et voyeurisme...ok on radote encore. On rencontre à nouveau la femme qui nous a abordé à notre arrivée, Consuelo, qui nous invite à passer chez elle. Elle tient sa petite fille de 18 jours dans les bras qui vient d'arriver aujourd'hui par le bateau sur l'île, son 1er jour chez elle. Consuelo nous demande de lui écrire plusieurs prénoms étrangers, français de préférence, la petite n'en a pas encore. Elle nous demande de prendre une photo, puis d'autres, les enfants sont complètement sûr-excités.

Consuelo et ses petits enfants à El Cauchal

On vient de les faire développer et de les leur faire passer par le bateau de ce matin. Là aussi c'est un bien maigre cadeau mais sans doute mieux que rien. (Prochain voyage c'est sûr, on enmène un polaroïd, il doit bien en rester quelque part).

Le lendemain c'est flânerie (flânage? flânement?) dans San Lorenzo, on apprécie les jus de fruits, la nonchalence des habitants, le rythme qui coule à une autre vitesse, puis les discussions sur le trottoirs le soir à la "fraiche".

Aujourd'hui nous sommes de retour à Ibarra d'où l'on rédige cet article. C'est jour ferié ici et ce soir c'est fête, ça tout le monde nous le dit mais impossible de savoir quoi, ni où, on se doute du bide total d'ailleurs... On verra bien. Demain passage de frontière, cap sur la Colombie, que bueno !

Merci pour les derniers commentaires, on vous embrasse...suerte chicos.